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La Kumparin Préambule

Préambule

La main qui précède


Le pont Kumparin


Étymologie : « Præambulus » — ce qui marche devant.

Éthologie : Le rite du passeur — celui qui précède le groupe pour éprouver le gué.

Je suis un homme du bas. Mon royaume fut la douleur, mon sceptre, une colonne vertébrale brisée — forgée par une vie ouvrière commencée à 13 ans et demi en tant que pré apprentis cuisinier, usés par le labeur manuel, et stoppé par l’invalidité. J’ai régné sur un empire de silence, peuplé de vertèbres soudées et de nuits sans sommeil.

Cette sagesse, je l’ai nommée La Kumparin : de la douleur ouvrière à la sagesse du pont. La Kumparin n’est pas née dans un livre de théorie. Elle est née d’une brûlure vécue — celle de l’atelier, de la chaîne, pour ceux qui comme moi, des hommes vulnérables du monde ouvrier, cherchent à transformer leur invalidité en force inclusive.

Je m’ancre dans la boue fertile des héritages. Je revois Mamie Saphir, ses mains tachées d’encre jusqu’aux jointures. Elle incarnait cette éthologie humble : elle ne disait pas « je vais t’apprendre », mais « viens voir ». Cette sagesse du geste est mon premier viatique.

Plus tard, quand mon corps d’aide médico-psychologique a cédé — deux arthrodèses, un corset, une colonne devenue chantier — j’ai compris cette loi fondamentale : nous sommes tour à tour ceux qui portent et ceux qui sont portés. Le jour où j’ai rendu mon tablier, le silence est devenu si lourd qu’il a fallu écrire pour ne pas sombrer. Ce livre est né de cette nécessité : un pont construit avec le bois des histoires de Mamie Saphir et les clous de ma douleur.

« Ceci n’est pas une consolation. C’est une main tendue dans l’absurde.

Je ne prétends pas que la souffrance ait un sens ; elle n’en a pas, pas plus que l’os qui se brise, l’arthrodèse qui soude les vertèbres, ou le caillou que Papi Louis jetait dans le puits. Le monde est sourd à nos pourquoi.

Mais c’est dans ce vide de sens que commence l’acte de liberté. La Kumparin n’est pas une réponse à l’absurde, c’est une révolte concrète. Un pont bâti non parce que l’autre rive promet le salut, mais parce que le seul fait de construire constitue déjà notre essence.

Cette main que je tends n’est pas celle d’un guide, mais d’un compagnon qui, comme vous, affronte le néant. Non pour donner un sens à la douleur, mais pour la travailler comme le charpentier travaille le bois tordu — non pas en le maudissant d’être courbe, mais en en faisant la courbe parfaite d’une poutre maîtresse.

Je l’ai écrit pour ceux qui, comme moi, ont compris que la seule dignité possible réside dans ce geste têtu : continuer à sculpter sa statue humaine, alors même qu’on sait le marbre imparfait et les outils dérisoires. »

Je me tends vers vous, qui hésitez peut-être encore sur la rive. Ceci n’est pas un livre, mais une main tendue, un comportement de passeur. Je l’ai écrit pour ceux qui portent des silences lourds. Il repose sur trois piliers forgés dans l’épreuve : un corps qui se souvient, un héritage qui parle, et cette conviction que nous pouvons devenir le pont entre nos blessures et nos possibles.

La Kumparin n’est pas une théorie. C’est une conduite née d’une brûlure vécue.

« Ceci n’est pas un livre. C’est un pont. Il ne mène nulle part de certains, mais il permet de traverser. Je ne vous demande pas si vous êtes prêt à le lire. Je vous demande : êtes-vous prêt à poser le premier pas ? »

Le pont est ici. La main est tendue.

La suite dépend de vous.

(…)

Sang-d’Encre 



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