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La Kumparin - Premier éclat de lumière

Premier Éclats de Lumière

Premier Éclats de Lumière

Au seuil des mots


« La nuit, les constellations ne sont qu’un tissage de points lumineux. Entre eux, l’espace semble vide, mais c’est l’œil qui relie. La mémoire faite de même : elle relie des fragments isolés et leur donne forme. »

Les clairières de l’espérance

Comprendre n’est pas absoudre.

Nommer n’est pas condamner.

Entre le cri et le silence, il y a cette étroite ligne où le soin se tient — celle du regard qui reconnaît sans réduire.

J’ai écrit ces pages non pour juger, mais pour demeurer fidèle à la lucidité du lien.

Car l’amour, même blessé, reste un témoin de ce qui nous relie au vivant.

Il arrive un moment où, au cœur même de la forêt intérieure, une ouverture se dessine. On croyait le chemin étouffé sous les branches basses, prisonnier des racines et des ombres persistantes, et voilà qu’une trouée s’offre à nous. La clairière n’est pas l’oubli de la forêt : elle est son souffle, son relâchement, son espace de lumière.

Dans ma vie comme dans celle d’Yves et de Manon, ces clairières existent. Elles ne se présentent pas toujours au moment où on les attend, mais elles surgissent, parfois dans le détail le plus fragile. Un rire échappé malgré la douleur. Une promenade au parc où les arbres, au lieu d’écraser, semblent accompagner le pas. Une parole d’Yves, jetée presque distraitement, mais qui résonne comme une vérité que je n’aurais jamais osé formuler.


Ces instants ne durent pas longtemps, mais ils suffisent. Ils sont comme des sources cachées que l’on découvre après une longue marche. Et dans cette eau, nous retrouvons la force de continuer.

 

Philosophiquement, il y a là une leçon simple et essentielle : l’espérance n’est pas un grand édifice qu’on construit une fois pour toutes, mais une suite de clairières que l’on traverse. Ricœur dirait que chaque récit de vie se nourrit de ces parenthèses de lumière, qui redonnent sens au chemin. Levinas, lui, y verrait l’infini de l’autre : cette promesse qui surgit sans prévenir et qui nous oblige à rester en marche.

L’espérance n’est pas naïveté, elle est courage. Elle n’est pas fuite, elle est consentement. Elle n’ignore pas les ténèbres, mais elle ose affirmer que les ténèbres ne sont pas tout. Elle murmure que, même dans la plus épaisse des forêts, il existe toujours une clairière.

Et dans ces clairières, je retrouve Yves autrement : non plus seulement dans ses blessures, mais dans sa capacité à percevoir ce que je ne vois pas, à saisir l’évidence là où je m’égare dans mes raisonnements. Sa fragilité devient alors une force, non pas au sens héroïque ou spectaculaire, mais comme une source tranquille, capable de nourrir le sol de notre vie commune.

Je comprends alors que ces clairières ne sont pas des interruptions du chemin : elles en sont le cœur battant. Elles sont la preuve que, malgré tout, l’avenir peut être habité autrement — non pas dans l’assurance d’un tracé clair, mais dans l’accueil de chaque éclaircie comme une promesse renouvelée.


Sang-d’Encre 


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